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Les Scorpions de Ouarzazate
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12 mars 2015

Commissaire

ENQUÊTE ANGOISSANTE

Blog de lesscorpionsdeouarzazate :Les Scorpions de Ouarzazate, ENQUÊTE ANGOISSANTE

Le commissaire Nouaboire rattacha les fixe-chaussettes qu'il avait gagnés en 1937 à la tombola de Fouissé-les-Pouillots.

- Toc-toc, fit la porte.

- Entrez, fit le commissaire.

Un belle jeune femme entra alors dans le bureau et dit :

- Bonjour mon commissaire.

- Bonjour Madame, que désirez-vous ?

- Voilà, je voudrais que vous enquêtiez.

- Sur qui ?

- Sur moi.

- Qu'avez-vous fait ?

- Justement c'est ce que je voudrais savoir.

- Ah ! C'est louche ! Où étiez-vous hier soir ?

- Pourquoi cette question ? Me soupçonneriez-vous ?

- C'est la procédure normale Madame. Vous êtes notre principal témoin.

- J'étais à mon club d'éducation sexuelle appliquée.

- Quelqu'un peut-il témoigner ?

- Hélas non, car j'y suis allée seule.

Le commissaire se gratta la tête, puis le mollet gauche, car le fixe-chaussette lui causait une légère démangeaison compensée par la satisfaction  d'avoir en face de lui une belle jeune femme, dont la principale particularité était d'être jeune et belle.

- Donc vous n'avez aucun alibi.

- Non mais j'ai droit à un avocat.

- Sémaphore, mettez Madame en garde à vue pendant 24 heures, dit-il à son adjoint. Je reviendrai la semaine prochaine pour l'interroger.

- Ah non, vous ne pouvez pas faire çà, je suis innocente ! S'écria-t-elle.

- Chef, mon nom c'est Nicéphore, pas Sémaphore ! S'écria l'adjoint.

- Commencez pas à faire des histoires et mettez-moi çà en cellule. Ensuite vous irez enquêter auprès du voisinage.

- Bien mon commissaire... heu, le voisinage de quoi ?

- Ne discutez pas, je ne vais pas vous apprendre votre boulot ! Allez ouste, vous devriez déjà être parti !

L'adjoint passa alors les menottes à la suspecte et sortit du bureau avec elle.

- Ouf ! Fit alors le commissaire, en retirant ses fixe-chaussettes, qui décidément lui causaient bien du tracas.

*

*    *

Deux semaines plus tard, le commissaire décida qu'il était temps de faire parler la suspecte. Il s'approcha de la cellule où la belle jeune femme était enfermée et s'aperçut alors qu'elle était beaucoup moins belle qu'auparavant.

- Pourquoi êtes-vous dans cet état, lui demanda-t-il ?

- Eh ben fà fait deux femaines que ve fuis en garde à vuf et que v'ai rien manvé. Ve crois que v'ai attrapé le fcorbut et v'ai perdu mes dents.

- Nous verrons çà plus tard. Etes-vous décidée à avouer ?

- Ben ve fais pas, est-fe que votre enquête a avanfé ?

- A vrai dire non, car j'étais en vacances et mon adjoint avait d'autres chats à fouetter, car il fait partie d'une association de fouette-chats très active.

Et pourquoi êtes-vous si mal coiffée aujourd'hui ? Et même pas maquillée. Vous vous laissez aller !

- Fà fait deux femaines que ve fuis dans fette fellule et v'ai pas mes affaires de toilette. V'y fuis pour rien !

- Votre avocat va arriver, essayez d'être un peu présentable ! Justement le voici !

Bonjour Maître, voici votre cliente qui est notre suspecte numéro un.

- Bonjour. Pourquoi est-elle si sale ?

- Elle se laisse aller, j'ai remarqué çà ce matin.

- C'est regrettable, elle a tout l'air d'une criminelle... de quoi est-elle soupçonnée ?

- Figurez-vous qu'elle ne le sait pas elle-même, alors comment voulez-vous que je le sache !

- Bien. Chère Madame, nous allons donc plaider coupable.

- F'est pas vuste ! Ve fuis innofente !

- Elle répète toujours la même chose, dit le commissaire. N'y faites pas attention Maître.

L'avocat s'approcha du commissaire et lui dit en aparté dans l'oreille gauche : « ne pourrait-on pas passer la suspecte au kärcher ? Elle sent et cela fait mauvais effet au tribunal » Ce à quoi le commissaire répondit : « je n'entends rien de cette oreille. Pouvez-vous répéter dans mon oreille droite ? »

- V'avoue tout ! S'écria soudain la jeune femme, qui reconnaissons-le, n'était plus très belle. V'ai un alibi !

- Quoi ! S'écrièrent en cœur le commissaire et l'avocat. Pourquoi ne l'avez-vous pas dit avant ?

- Parfe que fà me vênait de vous le dire... v'ai paffé toute la nuit du crime sous les 35 perfonnes de mon club d'éducafion fexuelle. V'ai donc 35 témoins.

- Nous sommes donc forcés de la libérer, dirent en cœur l'avocat et le commissaire, tout en esquissant un entrechat de satisfaction pour le devoir accompli, ce qui fit plisser la chaussette gauche du commissaire, mal maintenue par le fixe-chaussette.

- Chère Madame, vous êtes libre.

- Oh merfi, merfi ! S'écria alors la jeune femme plus très belle mais très sale, en sautant au cou du commissaire. Ve favais que vous arriveriez à révoudre fette enquête ! Vous v'êtes le meilleur !

*

*    *

Le ciel couchant se couchait en poudroyant dans les frondaisons frauduleuses et les petits oiseaux verdoyant dans les prés gazouillants.

« Aïe ame eu pour long somme commissaire, qui rentait seul atome », chantonnait notre héros en anglais dont la silhouette élancée se découpait dans le cercle lumineux de la nuit tombante.

(la silhouette de notre héros, pas celle de l’anglais).

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